Les hauts et les bas de la COP27 :
Heureusement, l'alimentation était à l'ordre du jour ; hélas, le climat ne l'était pas !

Par Oshani Perera, 2 décembre 2022

Y a-t-il beaucoup de raisons d'être reconnaissant à la fin de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP27) à Sharm el-Sheikh ? Cette question est lourde de sens.

C'était la première année que les systèmes alimentaires recevaient l'attention qu'ils méritent, avec une journée consacrée à l'adaptation et à l'agriculture et quatre pavillons discutant de la manière dont l'alimentation et l'agriculture peuvent faire partie de la solution. C'est une bonne chose.

Puis il y a eu FAST, la nouvelle initiative sur la l'alimentation et l'agriculture pour une transformation durable. Elle a le soutien des ministres de l'agriculture de 20 pays, des agences des Nations unies, d'une trentaine d'autres partenariats et d'ONG. Ses objectifs comprennent la compilation des diligences nécessaires pour que les financiers du climat investissent dans la production alimentaire intelligente sur le plan climatique et, plus largement, dans les systèmes alimentaires intelligents sur le plan climatique. Il s'agit d'un objectif noble pour le secteur alimentaire qui reçoit environ 3 % du financement climatique alors qu'il est le troisième plus grand contributeur au changement climatique. Mais nous haussons les sourcils quant à la valeur d'une énième initiative internationale qui coordonnera, catalysera et informera.

Source : Programme des Nations Unies pour l'environnement (2022). Rapport sur le déficit d'émissions 2022 : La fenêtre de fermeture - La crise climatique appelle à une transformation rapide des sociétés. Nairobi. https://www.unep.org/emissions-gap-report-2022 (p. XXV).

Nous nous félicitons de la Décision -/CP.27 sur le travail conjoint sur la mise en œuvre de l'action climatique sur l'agriculture et la sécurité alimentaire.. Ce programme de quatre ans s'appuie sur le travail conjoint sur l'agriculture de Koronivia et promeut des approches plus holistiques de l'agriculture et de l'adaptation, souligne les co-bénéfices et appelle à un leadership continu du Fonds d'adaptation, du Fonds pour les pays les moins avancés et du Fonds spécial pour le changement climatique, qui sont tous supervisés par le Fonds pour l'environnement mondial.  

Ensuite, il y avait le Fonds pour pertes et dommages. Après 27 ans de négociations sur le climat, les pays développés ont convenu d'aider les pays en développement à mieux se préparer, résister et reconstruire après une catastrophe climatique. Ce nouveau fonds serait consacré uniquement aux pertes et aux dommages et débloquerait rapidement des fonds lorsque des pays sont frappés par des catastrophes climatiques. Les pays riches et le bloc du G77 travailleront ensemble à la mise en place de ce fonds, puis à son financement. Mais quelle sera sa conception ? Pourra-t-il être suffisamment agile pour répondre aux catastrophes ? Sera-t-il accompagné d'un bras programmatique, peut-être semblable au Programme alimentaire mondial, pour fournir un financement et une assistance d'urgence ? Et posons la question difficile : le Fonds vert pour le climat ou le Fonds pour l'environnement mondial n'auraient-ils pas pu être chargés d'héberger ce fonds ? Nous sommes confrontés aux coûts de développement et aux frais généraux d'une énième institution internationale qui mettra des années à arriver à maturité alors que les catastrophes climatiques continuent à augmenter en fréquence et en intensité.

Et, surtout, à quoi sert un fonds pour réparer les pertes et les dommages alors que la COP27 n'a pas renforcé les engagements pris lors de la COP26 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ? Cela signifie en effet que l'objectif de l'Accord de Paris ne sera pas atteint. Et sans engagement à s'attaquer à la cause du changement climatique, un fonds pour les pertes et dommages revient à placer un simple pansement sur la fissure d'un barrage sur le point d'éclater. Le principe de prévention du développement durable a été totalement négligé.

Nous continuons à ignorer la réalité selon laquelle les pays développés, en tant que bloc, sont toujours les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre et selon laquelle, même en tenant compte des émissions historiques, leurs émissions individuelles sont éclipsées par celles de la Chine, de la Russie, de l'Arabie saoudite et d'autres pays pétroliers. Laisser ces pays s'en tirer à bon compte est une profonde injustice et le G77 ferait bien de le reconnaître. 

Les négociations sur le climat ne consistent plus à suivre la science, mais à faire preuve de confiance et d'audace. Ces deux éléments ont fait défaut à la COP27. Nous arrivons en effet trop tard.

Références : 

https://www.fao.org/3/cc2186en/cc2186en.pdf

https://unfccc.int/topics/land-use/workstreams/agriculture

https://www.unep.org/resources/emissions-gap-report-2022