Le G20 doit redynamiser le cadre commun pour le traitement de la dette.

N'aggravons pas la crise alimentaire mondiale par une crise de la dette souveraine : Le G20 doit redynamiser le cadre commun pour le traitement de la dette.

Par Oshani Perera, juillet 2022

La crise alimentaire mondiale prend de l'ampleur, les Nations unies prévoyant que 323 millions de personnes seront en situation d'insécurité alimentaire aiguë dans les mois à venir. Et maintenant, alors que les réunions des ministres du G20 débutent en Indonésie, le FMI nous rappelle qu'une autre crise nous guette : celle de la dette souveraine.

Étant donné que plus de 60 % des pays à faible revenu sont confrontés à un risque élevé de surendettement, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, exhorte à juste titre le G20 à réexaminer le cadre commun pour le traitement de la dette qui a été adopté par le G20 et le Club de Paris des créanciers officiels en 2020.

Le cadre commun du G20 a constitué une étape importante pour plusieurs raisons :

  • Elle comprend à la fois les créanciers du Club de Paris et les créanciers des marchés émergents tels que la Chine, l'Inde, l'Arabie saoudite, les EAU et le Qatar, qui ont dépassé le Club de Paris en tant que prêteurs aux pays pauvres au cours des dix dernières années. (Voir la figure 1 ci-dessous).

  • Il offrait aux pays à faible revenu un processus leur permettant de faire face à l'insolvabilité, de restructurer la dette souveraine et de travailler avec le FMI sur un programme de réforme soutenu par ce dernier.

  • Il a exigé des créanciers privés qu'ils participent à l'allègement et à la structuration de la dette à des conditions comparables afin de surmonter les difficultés liées à l'action collective.

  • Début 2020, à la suite de la pandémie de COVID-19, le FMI a augmenté les prêts d'urgence et une allocation supplémentaire de 650 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux, dont 21 milliards de dollars directement alloués aux pays à faible revenu. Les dirigeants du G20 se sont ensuite engagés à prêter 100 milliards de dollars aux pays à faible revenu sur leurs droits de tirage spéciaux. Cela a rendu le cadre commun encore plus précieux.

  • Il comprend une initiative de suspension du service de la dette, qui, en 2020, était particulièrement destinée à aider les pays à faible revenu à suspendre le paiement du service de la dette afin de maintenir la stabilité économique pendant la pandémie de Covid-19.

La question qui se pose, surtout en période de crise alimentaire mondiale, est que l'initiative de suspension du service de la dette du Cadre commun expire à la fin de 2022. Les pays pauvres ont besoin de toute urgence d'un allégement continu de leur dette et d'un cadre commun du G20 revigoré pour rester à flot et prévenir la faim.

Le Cadre commun a été lent à répondre. À ce jour, seuls le Tchad, l'Éthiopie et la Zambie ont fait des demandes, et tous ont connu des retards. Mais peut-être faut-il s'y attendre. La coordination entre les créanciers prend du temps et la restructuration de la dette exige la confiance entre les créanciers et les nations débitrices. Étant donné que les nations débitrices ne disposent pas des capacités institutionnelles et techniques nécessaires pour évaluer la viabilité de la dette et entamer des négociations de réforme avec le FMI, les donateurs et les créanciers, l'inconfort et les retards sont accrus. Les nations débitrices ne disposent pas non plus des mécanismes de gouvernance, de responsabilité et de transparence qui sont essentiels pour accroître la confiance des créanciers.

Figure 1

En dépit de ces difficultés, nous sommes convaincus que les ministres des Finances du G20 placeront le Cadre commun en tête de leur ordre du jour lorsqu'ils se réuniront cette semaine. Nous leur recommandons d'accompagner le Cadre de programmes visant à stimuler les efforts d'amélioration de l'administration des finances publiques dans les pays débiteurs.

Une crise alimentaire mondiale conjuguée à une crise de la dette mondiale sera plus que catastrophique. Comme la crise alimentaire mondiale risque de s'aggraver, les gouvernements des pays pauvres ne doivent pas être accablés par la double crise de l'insécurité alimentaire et de la dette souveraine. Ils doivent non seulement collaborer avec les donateurs pour répondre à la crise, mais aussi disposer de l'espace fiscal nécessaire pour accroître la production alimentaire nationale et renforcer les chaînes de valeur agroalimentaires. L'allègement de la dette n'a jamais été aussi urgent !

Références :

Conseil de sécurité des Nations unies, Briefing sur la sécurité alimentaire, mai 2022.
Georgieva K ; Pazarbasioglu C ; Le Cadre Commun Du G20 Pour Les Traitements De Dette Doit Passer À La Vitesse Supérieure, Fonds Monétaire International. Décembre 2021
G20 ; Club de Paris ; Cadre Commun du G20 pour les Traitements de la Dette au-delà de la DSSI, Décembre 2020